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Pères Séparés inc.

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Maintenir son équilibre dans la séparation

La séparation : tout un choc de vie !

 

L’Association canadienne pour la santé mentale situe le divorce et la séparation entre les conjoints en deuxième et troisième position sur l’échelle d’évaluation du niveau de stress, tout juste derrière le décès d’un conjoint. Le choc est à ce point important, qu’il est donc normal qu’un père éprouve des sentiments négatifs à des niveaux jamais égalés jusqu’à ce jour.

 

"Les ruptures amoureuses chez les hommes ont des conséquences. Selon les statistiques, 60 % des suicides, à Québec, ont comme élément déclencheur, la séparation du couple. En fait, la rupture est l'élément le plus stressant dans la vie d'un homme avant la mort d'un être cher ou la perte d'un emploi, déclare André Beaulieu, directeur d'AutonHommie, le plus vieil organisme de ressources et de soutien destiné aux hommes."*

 

La fin d'une relation, un engagement parental et d'un projet de vie

 

La séparation peut être une épreuve sans précédent qui bouleverse la vie du père et celle de sa famille surtout quand la rupture devient difficile et que les enfants deviennent un des principaux enjeux. Elle l’affecte de bien des façons dans ce qu’il est, dans son humanité la plus profonde : estime de soi, valeur aux yeux des autres, projet de vie, structure et valeurs familiales, paternité, etc. On dit que la séparation atteint notre humanité, parce qu’elle s’attaque aux liens affectifs tissés au fil des ans qui nous forgent comme être humain, qui nous aident à grandir et à nous développer, et qui donnent un sens à notre vie.

 

SOUTIEN CONJUGAL PRÉ ET POST RUPTURE; ....un effet en chaîne qui débute bien avant la rupture conjugale ! Dans le premier volet de cette étude, il était précisé que la conjointe était l’un des déterminants importants de l’engagement paternel (Pacault et al., 2011; Turcotte et Gaudet, 2009). Le père sera ainsi plus engagé auprès de son enfant si la mère considère importante sa présence et si elle le soutient dans l’exercice de son rôle parental. p.66, Dubeau, 2014.

 

Une grande souffrance, difficile à éradiquer

 

La souffrance ressentie sera d’autant plus grande que l’homme se retrouve souvent placé devant le fait accompli, sans aucune préparation pour accueillir et recevoir la décision en tant que telle ou la demande en requête de séparation ou de divorce.

 

Dans 70 % des cas, ce sont les épouses qui initient la rupture conjugale (1). Les somnifères ou les antidépresseurs sont souvent le lot des pères délaissés et confrontés à cette crise majeure.  

 

Derrière ce masque d'assurance et d'autonomie qu'un homme doit dégager, la souffrance; les pertes, le doute, l'isolement et la honte s’installent et l’envahit au point de l’habiter entièrement. Le père aura l’impression de subir une agression, qui l’amènera à réagir en « mode défensif ». Comme il aura les nerfs à fleur de peau, il pourrait être perçu comme irritable et même comme violent, bien que ce ne soit pas dans sa nature. Son agitation est surtout l’expression de sa souffrance intérieure et de son sentiment d’impuissance et de perte de contrôle. Sa douleur est omniprésente et elle se rejoue en boucle dans sa tête telle une cassette qui n’en finit plus.


Sa souffrance peut être aussi prise en étau entre l'espoir de revenir avec sa conjointe et le désir de surmonter sa crise. En pleine crise, il aura l’impression de naviguer sur un océan déchaîné, ballotté par l'amour et la colère. Sous ce ciel couvert, point d'espoir à l'horizon. Dans une telle tempête, on peut comprendre que les idées suicidaires peuvent surgirent fréquemment. Les hommes à haut risque de suicide à la séparation, du moins ceux que nous avons suivis à Pères Séparés, le sont à cause de la perte de leur conjointe et/ou l'éloignement del eur enfant.

Le lien entre masculinité et paternité

 

L’approche d’accompagnement de Pères Séparés a pour but de répondre à une évolution de l'exigences masculines plus « traditionnelles », tout en valorisant le père dans la reconnaissance et la capacité de sa paternité. Pères Séparés* constate depuis 2008 une évolution vers une paternité de plus en plus présente et engageante qui semble refléter un véritable changement dans la demande d'aide, la relation père-enfant et une nouvelle dynamique familiale. Ce contraste et ce rapprochement entre les exigences masculines-paternelles représentent un maillon clé et une piste pour mieux adapter les approches répondant à une nouvelle réalité masculine.

* 400% d'augmentation des appels de 2008 à 2015. Voir rapport annuel 2015-2016.

           

           Exigences masculines**              Exigences paternelles

         

           Cacher sa vie privée                       Dévoiler sa vie privée

           Montrer sa force                             Montrer ses faiblesses

           Nier sa douleur                               Confronter sa douleur, sa souffrance       

           Agir/faire                                         Laisser plus de place à un nouvel équilibre: Agir Et Introspection

           ** Inspiré du modèle ‘Exigences Masculines’ de Brooks (1998)

 

Une paternité qui ne va pas de soi

 

La paternité qui semblait acquise et même naturelle s’en trouve du jour au lendemain remise en question. Comment peuvent-ils continuer à se sentir et se percevoir comme des pères sans vivre quotidiennement avec leurs enfants ? En tant que pères, ils ont à s'affirmer et faire leurs preuves dans un monde qui ne les comprend pas, où ils ne se sentent pas reconnus, où ils sont démunis et où ils peuvent se sentir menacés dans leur paternité. On ne leur avait jamais demandé de se justifier, ni d'avoir de permis pour exercer leurs fonctions paternelles. Ce qui ne semblait pas poser de problèmes durant leur vie de couple fait désormais défaut.

 

Les pères ont l'impression de devoir s'affirmer dans un territoire qui n'est pas le leur. Dans toute cette tourmente, ils doivent prendre des décisions majeures qui impactent sur le mieux-être et la relation avec leurs enfants, sous l’emprise d’une grande souffrance, une souffrance qui les chavire et qui leur était auparavant inconnue.

Pire encore, ils sont confrontés et obligés de faire la preuve de leurs capacités parentales, ce qui ne faisait pas partie des exigences pour avoir un enfant.


Entre le monde du travail et la baisse du niveau de vie, les urgences de la vie quotidienne, l'endettement, les habitudes et sa propre souffrance, comment un père peut-il arriver à s'occuper efficacement de ses enfants ? Comment peut-il revendiquer de droit la place qui lui revient en tant que père ?


Et devrait-il demander de l'aide là-dedans ? C’est connu que les hommes éprouvent une certaine répulsion à demander de l'aide, étant habitués de tout régler par eux-mêmes. De plus, la demande d’aide le place en porte à faux avec les images « d’homme fort » et en « contrôle de lui » que lui renvoie la société actuelle. Alors, quelles ressources la société met-elle à leur disposition ?

 

Pères et pairs

 

Pères Séparés est un lieu d'entraide pour les pères et les hommes en situation de transition familiale. C’est un milieu de vie où les pères fragilisés par la rupture conjugale sont accueillis, écoutés sans être jugés, accompagnés et soutenus. Ils ont l’opportunité de partager en toute sécurité sans se sentir menacés avec d’autres pères qui vivent la même situation. Ils sont légitimés dans ce qu’ils vivent et dans ce qu’ils sont. Ils viennent y soigner les plaies de leurs souffrances immédiates pour mieux entrevoir l'Avenir. Sans ce soutient, tout s'écroule, car « sans le bien-être du père, point de bien-être père-enfant »..

 

Seconds conjoints et grands-parents

 

La perte amoureuse n'est pas seulement le lot de pères. Quelques proches peuvent aussi être affectés par la séparation. Il faut donc s’intéresser et intégrer dans la réflexion et l’approche aussi ceux et celles qui feront partie de « la vie à venir » : nouveaux conjoints, parents et grands-parents.

 

Il faut être conscient que  la recomposition du noyau familial ne se fait pas du jour au lendemain. Il semblerait qu’il faille entre 18 et 24 mois au nouveau système familial pour se stabiliser et pour que le mode d’implication paternelle se consolide (2).

 

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Les références ci-dessous ont été tirées du document Inscrire les pères à l’agenda des politiques publiques produit par Diane Dubeau, chercheur à l’Université du Québec en Outaouais, avec la collaboration des professionnelles en recherche, France Pilon et Jacinthe Théorêt.

 

(1)  Dulac, G. (1998). L’intervention auprès des pères : des défis pour les intervenants, des gains pour les hommes. Prisme, 8(2) 190 – 206.

 

(2)  Quéniart, A. & Rousseau, N. (2004). L’exercice de la paternité suite à la séparation : un parcours semé d’obstacles. Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi.

 

*http://www.lapresse.ca/le-soleil/vivre-ici/societe/200812/02/01-806594-la-rupture-amoureuse-cause-de-60-des-suicides-chez-les-garcons.php

http://www.aqps.info/pdf/Mortalite_Suicide_2015_1939_Legare2015_INSPQ.pdf

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